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Les techniques énergétiques

LA THÉORIE
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 Le plus ancien texte connu dans lequel est évoqué la pratique d'un contrôle de l'énergie interne est le Tao Te King lui-même, avec ses deux fameux vers sur la souplesse du nouveau-né atteinte par celui capable de maîtriser son souffle. Mais les éléments théoriques fondamentaux concernant l'énergie générale du cosmos, des êtres vivants, et de l'organisme humain en particulier, étaient déjà bien répandus et théorisés depuis plusieurs siècles. Parmi les classiques remontant à la plus haute antiquité, le Su Wen Nei King, le Ling Tch'ou, ainsi que le Yi King, sont des ouvrages dont les propos se fondent déjà sur la théorie du yin-yang, des 5 éléments et des 6 énergies. En voici quelques citations, qui sont ici à étudier sous l'angle de la pratique des techniques énergétiques du TCC.

- Su Wen Nei King (traduction de J-A Lavier) :
"Jadis existaient les Tchen Jen.
  Ils étaient les maîtres de l'univers
  Et pouvaient contrôler le Yin-Yang,
  Respirant littéralement l'énergie du cosmos.
  Indépendants les uns des autres,
  Ils étaient libres d'esprit.
  Leurs tissus ne vieillissaient pas,
  Leur conférant ainsi la longévité de l'univers."

Commentaire :
Ce Verset du Su Wen Nei King affirme qu'autrefois, des hommes connaissaient un certain idéal de manifestation humaine, possédant des pouvoirs très proches de ceux que l'on accorde généralement aux divinités. Le livre décrit ensuite les différentes étapes de la régression de la condition humaine, imputable selon lui à la perte progressive des lois du Tao, par les hommes au cours des âges. Sans prétendre à ce que la pratique du TCC et du Qi Gong permettent de connaître à nouveau des états d'être transcendant la condition humaine commune, les transformations dans l'énergie et le physique sont cependant bien réelles chez le pratiquant régulier. Quand la pratique énergétique et la pratique physique sont correctes, cela se manifeste directement dans la forme et l'aspect extérieur de la personne, dans le regard comme dans la façon de se mouvoir, dans le son de la voix comme dans l'aspect de la peau, des poils et des extrémités.
Le troisième, quatrième et cinquième vers sont particulièrement à étudier, en rapport direct avec la condition mentale, et l'état d'esprit, qui conviennent à l'intégration des lois du Tao.

"Il faut tenir compte
  De l'harmonie des cinq saveurs
  Pour que les os restent droits et les muscles souples,
  Pour qu'air et sang circulent librement,
  Pour que la peau reste résistante,
  Pour que l'énergie imprègne aussi bien le physique
  Que le mental."

Commentaire :
Toute pratique énergétique s'appuie sur une discipline de vie saine. Il faut bien se persuader que l'une n'est pas possible sans l'autre. Tout ce qui concerne les nourritures énergétiques externes, comme l'air respiré habituellement et la nourriture, mais aussi l'environnement, l'habitat, les fréquentations habituelles, les rythmes de repos et d'activité, doivent favoriser et consolider le développement interne obtenu par la pratique des exercices spécialisés. Comme d'habitude, il n'est pas conseillé cependant de changer radicalement de style de vie parce que l'on se met à la pratique du TCC ou des divers Qi Gong. C'est souvent bien plus efficace d'attendre qu'un besoin urgent et précis soit perçu intérieurement comme une nécessité impérieuse. Quand l'on ressent le besoin de mieux respirer et d'en être plus revivifié, de mieux dormir et d'en être plus reposé, de mieux se nourrir et d'en être plus consolidé, de vivre moins de conflits et d'en être plus apaisé, alors il est temps de s'en occuper et de changer ce qui empêche le progrès. Ainsi la pratique extérieure se conjugue à la pratique intérieure, les deux se favorisant et se consolidant mutuellement. A ce propos, on peut dire que l'on reconnaît un maître dans l'art du TCC et du développement de l'énergie interne, comme dans toute vraie voie d'accomplissement personnel, avant tout par tout ce qui fait sa vie en dehors de la pratique proprement dite.
Ce verset du Su Wen explique les bénéfices que l'on obtient d'une saine nourriture, laquelle doit avant tout harmoniser les cinq éléments par l'intermédiaire des cinq saveurs : Acide, Amer, Doux, Piquant et Salé. Pour cela il faut aussi tenir compte de l'accord avec les saisons, et aussi des besoins spécifiques selon le climat de la région, des ressources alimentaires locales, du niveau d'activité quotidienne, de l'âge, etc.
Avant tout, le pratiquant de Qi Gong doit parvenir à ne pas connaître la satiété lorsqu'il se nourrit. Les horaires d'alimentation doivent aussi être les plus réguliers possible tout en s'accordant aux saisons. L'été, la pratique physique peut être intensive, et l'hiver, c'est plutôt la pratique interne, avec peu de mouvements. La nourriture doit alors être adaptée, en quantité comme en qualité énergétique. L'été, on développe surtout le yang de l'énergie, l'hiver, le yin.
Le physique ne doit connaître ni excès, ni carence dans l'apport de l'énergie issue de l'alimentation. Le salé, lié à l'élément Eau, doit être consommé modérément. En petite quantité, il stimule le sang, mais pris en excès, il épuise l'énergie des os longs et ramollit. Le piquant, lié à l'élément Métal, s'il est aussi pris en excès, dissipe l'énergie. L'acide, Bois, qui collecte, le doux, Terre, qui retarde et harmonise, et l'amer, Feu, qui raffermit, sont plus favorables à la mise en circulation, à l'harmonisation et à l'affermissement des énergies. L'acide stimule les muscles et convient aussi au Coeur (Feu), en y drainant l'énergie, le doux stimule les tissus intersticiels et convient au Foie (Bois), en retardant l'énergie. Enfin l'amer stimule les os et convient aux Poumons.
Céréales, légumes et fruits sont à privilégier par rapport à la viande, qui doit surtout être consommée en cas d'affaiblissement ou pour remédier à des insuffisances dans le physique. Parmi les céréales, on évitera les excès de celles qui fermentent beaucoup, comme le blé et le riz blanc, et, parmi les légumes, de ceux qui sont excessivement yin, comme les tomates et les aubergines.
La cuisson idéale est de faire revenir ou sauter légèrement les aliments, ce qui associe yin et yang dans la préparation. La cuisson à la vapeur convient bien aussi, mais est cependant plus yin (Humidité) et doit être équilibrée par les autres mets. Le crû est excellent avec de jeunes pousses, racines et tubercules, mais épuise l'énergie de la digestion quand il comporte trop de fibres.
Enfin, pour finir, il faut préciser que l'énergie issue de la nourriture est essentielle à la pratique du Qi Gong, tout autant qu'à la santé physique d'une personne normale. Une part non négligeable de l'énergie rassemblée est directement extraite du processus digestif, dans certains exercices de Taï Hsi, et il ne faut donc pas compter sur la seule énergie captée par la respiration, ce serait là une grossière erreur. Su Wen : "Les saveurs forment le physique, lequel forme l'énergie essentielle Yong, ou yin pur, qui devient l'énergie vitale, laquelle entretient le principe vital, qui donne la vie." L'énergie vitale est donc aussi une mutation du physique.

"Les cinq influx célestes pénètrent dans l'organisme par le nez,
  Et sont concentrés dans Xin et Fei."

Commentaire :
Si les saveurs entretiennent surtout le yin essentiel de l'énergie du corps, la respiration entretient surtout son yang, son principe actif, dynamique. Xin est le coeur et Fei les poumons (les fonctions, pas seulement les organes). Les cinq influx célestes sont en liaison avec les saisons et les orients, et il est important de connaître les moments et les lieux favorables selon les exercices.
Au printemps, le réveil et la mise en circulation de l'énergie sont plus aisés. En été, la conduite de l'interne à l'externe est facilitée. La saison centrale est favorable à l'équilibre entre le physique et l'énergie, entre le yin et le yang. En automne, on peut concentrer l'énergie, et enfin en hiver entretenir et développer l'énergie vitale des reins (fonction Wei), et du Yuan Qi.
Le matin, de l'aube au milieu de la matinée, l'énergie du ciel est le yang dans le yin. L'énergie yang n'est pas encore trop puissante et orientée selon la saison. C'est alors le bon moment pour capter les souffles énergétiques externes par la respiration. Le milieu de la journée est le yang dans le yang, c'est un moment d'intense activité, l'énergie s'extériorisant facilement, mais aussi où le moment elle est le plus dispersée, en expansion. Fin de matinée et milieu de journée sont alors favorables aux pratiques de conduites de l'énergie dans les enchaînements rapides, à l'entraînement aux poussées des mains, à l'étude des applications. La fin d'après-midi et le soir sont le yin dans le yang. On peut alors s'entraîner à rassembler l'énergie dans les os, à fermer l'énergie et, par exemple, à former un bouclier énergétique en surface. La nuit est le yin dans le yin, l'énergie retourne aux organes les plus yin pendant que le sang revient au Foie. Il convient alors de rassembler le souffle vital, quand celui-ci est abondant, dans les centres célestes. L'heure est à l'économie et à la conservation, on évitera ainsi toute déperdition d'énergie.

"Xin est à l'origine du phénomène vital
  Ainsi que des différents états mentaux."

Commentaire :
Xin, le coeur, concentre l'essence des souffles externes que la respiration intériorise. Par là la respiration a un effet direct sur les états mentaux et émotionnels, et sur le Shen. Une bonne respiration permet d'apaiser le mental et d'équilibrer les émotions, ce qui raffermit le Shen. L'énergie essentielle de l'organisme est aussi très affectée par les états mentaux et émotionnels. L'apaisement des passions et des obsessions sont donc aussi un prélude nécessaire à une pratique sérieuse du Qi Gong, sinon l'énergie engendrée par cette même pratique favorisera directement la psychopathologie, ou le trouble émotionnel, non résolus.

"Fei est à l'origine de la respiration,
  De l'énergie et du P'aï."

Commentaire :
Fei, la fonction Poumons, détermine l'état des capacités respiratoires. Quand l'énergie de la fonction Fei est saine, la respiration assure une bonne intégration des flux saisonniers et cosmiques. Cette intégration est à l'origine de la dynamique du yang interne, lequel à son tour va agir sur le yin, le stimulant. Le yin doit alors suivre le yang et se transformer, adapter sa "forme" à l'influx yang qui l'excite, qui le met en mouvement, qui l'oblige à changer.
Le P'aï, principe vital yin, est à l'origine donné par la mère, il contient les caractéristiques de forme, de corporéïté, spécifiques à l'espèce humaine. Mais c'est le yang qui, selon le niveau de sa prégnance sur le yin, va au final déterminer la prise de forme finale du corps. C'est aussi de la rencontre des énergies de l'alimentation et du Yuan Qi avec celle issue de la respiration qu'est engendrée le Vrai Qi, dont l'aspect yin pur est essentiel au sang comme à la matière et à l'énergie du corps. Plus le corps est composé de yin pur et plus le yang y est généré, l'imprègne, y circule aisément.

" Le yin de l'énergie monte des pieds à la tête, puis redescend par l'épaule jusqu'aux doigts.
  Le yang de l'énergie monte des doigts à la tête puis redescend jusqu'aux pieds."

Commentaire :
Ceux qui pratique la Grande Révolution Céleste, ou le Zhang Zhuan, connaissent bien aussi cette circulation, décrite par le Su Wen. Il faut cependant noter que le yin monte d'abord, avant de redescendre dans les membres supérieurs, c'est à dire dans le yang, et que le yang monte aussi avant de redescendre dans les membres inférieurs, c'est à dire dans le yin. Cela est important à comprendre, dans les pratiques de rassemblement et de conduite de l'énergie tout autant que dans les applications elles-mêmes.

- Ling Tc'hou :
"On ne doit pas comprendre l'être vivant comme une matière animée par l'énergie. C'est l'énergie (originelle, du Ciel Antérieur) qui oriente la matière, elle-même énergie (différenciée, du Ciel Postérieur), vers le phénomène vital."

Commentaire :
Il est essentiel d'assimiler le principe de l'énergie orientant la matière. En TCC, il est fondamental qu'il y est l'intention avant l'énergie, et l'énergie avant le physique.

"Le Qi ne peut se voir et se comprendre que par les modifications matérielles qu'il engendre."

Commentaire :
En Chine même, on réfléchit beaucoup sur les questions de la mobilisation, de la conduite, et de la transmission de l'énergie. Si tout le monde s'accorde assez au sujet de la mobilisation et de la conduite, la question de la transmission provoque bien des débats passionnés. Comme d'habitude, ces questionnements sont plus le fait des intellectuels théoriciens conceptualisateurs que des pratiquants des niveaux supérieurs du Qi Gong.
Le problème est le suivant : Doit-il y avoir contact ou non pour que l'énergie soit transmise d'une personne à l'autre ? Au niveau de la réalité la plus prosaïque, actuellement, seuls quelques médecins traditionnels chinois se montrent capables de manipuler une personne à distance, sans aucun contact. Leurs patients, toujours consentant quand ils sont conscients (mais cela marche aussi quand ils sont endormis, ou même dans le coma et donc inconscients !), sont le plus souvent préalablement mis en condition par une relaxation préliminaire. Ils sont allongés sur un lit, encouragés à fermer les yeux et à se détendre. On a ainsi vu des praticiens en Qi Gong pratiquement soulever une personne au-dessus du matelas en passant les mains sous le lit, à plusieurs dizaines de centimètres du corps du patient et du lit lui-même ! Membres et tronc comme tirés vers le haut, le patient n'a plus alors qu'une partie du bassin en contact avec le lit.
Maintenant, chez les pratiquants d'arts martiaux, il faut dire que c'est seulement en Occident que l'on peut voir des professeurs balader, faire sauter en l'air, repousser au loin, ou s'écraser à leur pieds leurs élèves en tendant juste un doigt dans leur direction, parfois à plusieurs mètres de distance. En Chine, même les experts les plus réputés ne font pas ce genre de démonstration, et établissent toujours un contact physique, même très léger, pour appliquer ou transmettre le mouvement énergétique de l'interne à l'externe.
Un point essentiel est qu'avant qu'un mouvement de l'énergie ne modifie un corps externe, elle modifie d'abord la matière même dans laquelle elle est active, qu'elle soit générée, rassemblée, mobilisée ou "conduite". C'est le sens premier des deux vers commentés et c'est bien pourquoi les formes des mouvements techniques du TCC répondent aux diverses transformations et mouvements de l'énergie, préalablement initiés en interne par le pratiquant. A un niveau plus général, c'est pourquoi on peut dire aussi que le niveau de pratique, et aussi la qualité de cette pratique, se révèlent d'abord dans l'aspect physique extérieur, dans l'état de santé de la peau, dans l'expression du visage comme dans celle du regard. Certains occidentaux, cependant, prétendent user du seul Yi, la volonté, l'intention dirigée, pour capter en eux l'énergie circulant dans l'air et l'éther, pour la rassembler puis l'émettre vers l'extérieur. Cela bien sûr sans avoir le moindre besoin de travailler sur leur yin-yang propre, c'est à dire leur corps et ses énergies fondamentales. Un peu comme si leur corps n'était qu'un simple lieu de passage, ou une batterie rechargeable instantanément et à volonté. Et évidemment, l'énergie environnante en circulation est toujours prête à répondre à leurs désirs, en tout lieu et à toute heure. Ne s'agit-il pas, au fond, de l'énergie "du cosmos" ? Et celle-ci n'est-elle donc pas disponible, par définition, en quantité "illimitée" ? Disons simplement que leurs prétentions sont exactement à la mesure de l'ignorance dont il font preuve quand il s'agit de définir précisément les énergies, aussi bien organiques que "cosmiques", et les processus fondamentaux qu'ils prétendent maîtriser.
Tout ce qui participe d'un, ou constitue un "événement" dans le monde apparent est soumis aux lois de la théorie des énergies. Ces lois, quand elles sont comprises et maîtrisées, constituent une connaissance très particulière : Celle du constant et de l'inconstant, des causes originelles, des interactions, et des effets. Cette connaissance offre certaines possibilités d'intervention, ou plus exactement, autorise une "marge" de manoeuvre plus ou moins grande à celui qui se mêle de modifier le cours naturel des choses. Cette marge est en fait fonction de l'importance du champ énergétique local affecté par l'intervention. Une intervention sur l'énergie peut bien sûr être de nature aussi bien physique qu'immatérielle (intention). Par exemple, un large reboisement affectera plus sûrement le climat local d'une contrée que toutes les volontés réunies de ses habitants de voir les choses changer par elles-mêmes ! A fortiori, une ruse stratégique, une technique martiale appropriée, la connaissance de certains aspects ou éléments physiques du lieu, lors d'un combat, peuvent parfois se montrer plus décisifs que bien des "pouvoirs" de manipulation énergétique. Tous les aspects de la réalité sont des manifestations de l'énergie, il ne faut en négliger aucun. Et l'intelligence, le discernement, l'habileté supérieure de l'adversaire, ou même la circonstance malencontreuse, font aussi partie de ces aspects, et peuvent aussi être classés dans les modifications matérielles.
Certains experts arrivent à rendre pratiquement invisible le mouvement physique, ou même seulement respiratoire, qui accompagnent celui de l'énergie qu'ils mobilisent. Mais il y a cependant toujours conversion interne de l'énergie, et donc toujours aussi une modification dans le physique, car toute transformation dans l'énergie engendre des transformations dans le physique, qui est lui-même issu de l'énergie. Il y a conversion de l'énergie quand celle-ci ne suit plus le cours des mutations naturelles, lié à ses propriétés, aux interactions et aux cycles, et qu'elle se trouve alors orientée différemment, pendant un temps plus ou moins long. L'ampleur de la différence est liée à la marge acquise par la connaissance et la maîtrise de la norme.
L'énergie yang est un peu comme l'électricité, ses propriétés s'appliquent plus puissamment sur la matière dense que dans l'air. La matière, tout en la ralentissant, lui est propice aussi pour s'accumuler, se concentrer ou se propager. Le yang applique ses propriétés au yin, la matière, qui le suit mais qui l'influence aussi en retour, notamment en le freinant par inertie. L'énergie yang se déplace plus aisément dans l'air que dans la matière d'un objet dense, mais elle est alors plus dispersée, expansée pour emplir tout l'espace dans son Champ d'influence. Une seule énergie emplit l'espace entier, celle du Ciel Antérieur. Ce souffle originel génère le yin yang, lequel devient le Ciel Postérieur, les manifestations. L'interaction des propriétés du yin et du yang engendre les Champs d'énergie, dont l'échelle est fonction de l'ampleur de la structure dynamique considérée. La plus vaste structure dynamique équilibrée connue est celle de l'univers perceptible, qui contient tout le yin, la matière, et tout le yang, l'énergie, du Ciel Postérieur. Sa source est au T'ien Tch'ou et les cycles de son énergie sont connus. Ensuite, de chaque amas stellaire aux galaxies, des systèmes planétaires à notre système solaire, de la Terre dans son ensemble à chacun des grains de matière la plus ténue la constituant, les équilibres dynamiques à l'origine de chaque structure engendrent des cycles d'énergie ayant tous leur propre Champ. Les propriétés de ces structures énergétiques, de leurs cycles et de leurs influences sont connues aussi, ainsi que celles des structures biologiques, vivantes. Toutes les méthodes traditionnelles commencent par la purification, le raffermissement et l'harmonisation des énergies internes au pratiquant, celles acquises comme celle innées. Une fois cette étape franchie, les connections entre l'interne et l'externe sont alors établies et peuvent être développées. Le physique, qui abrite aussi la conscience individuelle et l'intention, peut alors devenir un vecteur de conversion volontaire de l'énergie. Cela ne se passe pas hors du corps, mais en la matière et en l'énergie qui compose le physique. Certaines composantes du physique, comme les structures énergétiques des Centres Célestes, sont alors activées de manière particulière. C'est bien grâce à ces structures et à ces composantes particulières du physique humain que certaines formes d'énergies, toutes issues des énergies acquises et innées, peuvent être manipulées et utilisées. Sans le relai de ces structures, sans la maîtrise de leur fonctionnement, il n'y a pas de conversion possible sans qu'il n'y aussi perte ou déséquilibre à l'interne. La seule volonté peut suffire à convertir une part plus ou moins importante de l'énergie interne, mais si celle-ci n'a pas d'abord été substantiellement raffermie, c'est comme creuser un trou chez soi pour en extraire la terre qui, transformée ensuite en briques, servira à construire un mur de protection autour de son terrain. A la fin, vous avez bien les briques, mais le trou est là aussi, et le terrain n'est plus le même ! Quant à convertir en soi en un éclair, par la seule puissance de l'esprit individuel, une part de l'énergie fondamentale en circulation dans le cosmos, cela semble absolument impossible, car cette énergie à des propriétés, et aussi un cycle, très spécifiques. Les propriétés de l'énergie yang au niveau du cosmos sont proches de celles de la gravité en physique moderne : on ne peut diviser le yang pur, il est un et toute modification localisée en affecterai l'ensemble. Toute la matière constitue son champ d'application, et toute structure dynamique yin yang localisée ne peut que subir son influence, ou au mieux quand il s'agit d'êtres conscients, y adhérer. Sa nature n'offre pas de prise à une volonté indépendante, ne donne pas la moindre marge. Par contre, plus le yang est issu d'un système, d'une structure dynamique localisée et réduite, plus la marge d'interférence volontaire, de contrôle et de modification s'agrandit. Il est ainsi plus facile de manipuler les souffles yang ou yin du corps que l'on habite (énergies innées) que ceux en circulation ou en interaction depuis l'environnement proche (énergies acquises), plus facile de manipuler ceux-ci que ceux issus directement du Soleil, de la Terre et même de la Lune. Mais il est encore bien plus facile de manipuler ces derniers, car leur influence est encore déterminante à l'échelle de la structure humaine, que ceux du système solaire, puis des galaxies et enfin du cosmos.
Comment peut-on manipuler certaines énergies, dont les sources sont externes, affin de disposer d'une force agissante utile, ou Jing ? Certainement pas en essayant d'agir directement sur le système dynamique qui les engendre (on ne peut prélever une part de ce qui fait que le soleil émet de la chaleur et de la lumière), mais bien en incorporant l'essence dynamique des flux qui nous atteignent. En en stockant en soi les potentialités et en les activant ponctuellement. Cela donne certains pouvoirs peu communs, parfois très utiles mais parfois aussi assez ennuyeux, comme lorsque l'on tord "involontairement" (en fait on a en réalité simplement augmenté son désir de voir la serrure céder) la moindre clé dés qu'une serrure résiste un peu. Car n'oublions pas une des lois essentielles de l'énergétique générale : toute énergie doit trouver sa résolution. Et le yang pur ne tend pas particulièrement à l'inertie ! Quand par le mouvement issu du coeur, par la volonté et l'intention, l'énergie interne est générée, son mouvement dynamique amplifié et dirigé, alors il est possible de la convertir de différentes façons, en Jing interne par exemple. S'en servir en interne sert à se protéger ou à dynamiser certaines fonctions physiques, sensorielles et psychiques (intuitives surtout). S'en servir en externe sert à modifier un élément physique ou énergétique, externe lui-aussi. Il est assez simple de vérifier deux usages possibles de l'énergie convertie : la dynamisation en interne et la transmission en externe.
Prenons l'exemple de la casse de briques. Quand l'on a trouvé la brique que l'on ne peut casser avec sa seule force physique, on commence à s'entraîner soit à dynamiser le physique par l'énergie, soit à transmettre l'énergie directement à la brique. On peut dynamiser le physique par l'énergie affin de le rendre plus rapide, plus dense et puissant ou même tout simplement plus solide, résistant, ce qui permet de frapper plus fort. L'énergie est alors appliquée au physique, lequel peut alors réussir à casser la brique qui résistait auparavant. On peut aussi choisir d'appliquer l'énergie directement à la brique, affin de modifier les conditions de sa résistance. Là, il est alors possible de frapper physiquement de moins en moins fort à mesure que l'énergie de plus en plus puissante et concentrée est transmise au coeur de la structure physico-énergétique constituant la brique et que bien sûr, celle-ci se brise à chaque fois. Il existe des témoignages que Gu Ru Zhang serait parvenu à maîtriser une technique appelée la Paume Vibrante et parvenait à briser des briques simplement en posant la main dessus. Depuis, personne n'a en plus fait la démonstration.
Il existe depuis quelques années en Chine des tournois où les concurrents tentent de démontrer leur pouvoir de contrôle et d'application du Qi, à travers des épreuves de casse, de résistance physique où en tentant de percer une vitre en lançant dessus une aiguille. On y voit des pratiquants, chinois ou étrangers, visiblement passionnés et très entraînés, dont certains, hommes ou femmes, font la preuve de capacités étonnantes. Mais on n'y voit pas un seul de ces moines de Shaolin qui font pourtant si facilement la démonstration de leurs pouvoirs sur toutes les grandes scènes du monde, ou du Wu Dang (ce qui est plus compréhensible car de véritables taoïstes ne cherchent pas à se faire remarquer, à être connus du monde, mais cela a aussi l'air de changer et peut-être qu'il y aura bientôt aussi une troupe du Wu Dang pour faire le pendant à celle de Shaolin), et pas un seul de ces "Maîtres" occidentaux, mais aussi pour certains orientaux, qui sévissent en Occident en subjuguant les naïfs et ceux qui se cherchent plus un père en énergie qu'un guide compétent, discret, et surtout, prudent.

STRATÉGIE ET ÉNERGIE DANS LE TAI JI QUAN.
 
Le Taï ji quan est un art martial fondé sur le concept stratégique du développement d'une capacité supérieure à produire et à convertir en force utilisable l'énergie interne ainsi qu'à contrôler et à dominer l'énergie externe. Conversion et contrôle doivent permettre de réaliser cinq objectifs majeurs:
-
Le premier objectif est d'augmenter au maximum (certaines limites sont cependant à connaître) la part d'énergie pure, et donc de diminuer celle issue du sang, dans le processus qui donne sa dynamique au corps et à son action.
- Le deuxième objectif est de maîtriser le rassemblement et les diverses formes de mobilisation de l'énergie interne. Cela affin que l'énergie elle-même soit appliquée dans la technique martiale, selon des formes spécifiques de conduite, de transmission, et d'extériorisation.
Il y a essentiellement cinq stratégies d'application de l'énergie, lesquelles permettent de répondre à toutes les situations de confrontation et de s'adapter aux changements dans la technique employée par l'adversaire. Ces cinq stratégies associent chacune les deux réponses possibles à une force externe : Céder ou s'opposer ; ou réaction par le yin au yang et réaction par le yang au yang. On emploie l'une et/ou l'autre de ces réponses en commençant toujours par la première. On respecte ainsi la loi qui veut que la force ne peut s'appliquer à ce qui cède, au vide. Et toute force est ponctuelle, soumise à des cycles elle a son maximum, son minimum, son départ, son arrivée, et surtout sa période. Ne pas s'opposer peut aussi désamorcer dés le début une situation de conflit, parfois avant même qu'il y est agression physique.
On dit aussi parfois que le faible l'emporte sur le fort, mais il ne faut pas comprendre là que c'est la faiblesse qui permet de l'emporter sur la force, ce serait une grossière erreur. Faiblir involontairement, c'est abandonner, c'est subir, alors que faiblir intentionnellement, c'est céder en dirigeant, en contrôlant, en échappant avant tout.
Les cinq stratégies sont :
1- Quand le Bois s'avance le Feu répond et le consume, sinon le Métal répond et le coupe.
2- Quand le Feu s'avance la Terre répond et l'étouffe, sinon l'Eau répond et l'éteint.
3- Quand la Terre s'avance le Métal répond et la sépare, sinon le Bois répond et la pénètre.
4- Quand le Métal s'avance, l'Eau répond et l'émousse, sinon le Feu répond et le fond.
5- Quand l'Eau s'avance, le Bois répond et l'épuise, sinon la Terre répond et la fait disparaître.

Un yin, un yang. Ces cinq stratégies sont directement issues des lois d'engendrement et de domination entre les éléments, un des concepts majeurs de la théorie générale de l'énergie. Toutes les techniques physiques du TCC, les formes et leurs applications peuvent être classées selon ces cinq stratégies qui ensemble, composent le Plan d'Application Stratégique de l'énergie, lequel donne sa spécificité à l'art martial du TCC. Ce sont par les Huit Portes et les Cinq déplacements, Treize techniques liées aux cycles des 5 Éléments et des Huit Trigrammes, que ce plan se réalise pratiquement.
- Le troisième objectif est de contrôler, de maîtriser l'énergie de l'adversaire.
- Le quatrième objectif est d'être sans opposition et que l'adversaire rencontre le vide.
- Le cinquième objectif est qu'il n'y est plus d'adversaire.

Le schéma suivant représente les Huit portes et les Cinq déplacements liés aux cycles des 8 trigrammes (ordre du Ciel Antérieur) et des 5 Éléments.


SOURCES DE L'ÉNERGIE.
Le dynamisme général du corps associe deux types d'énergies. Le premier type comprend les énergies dites "innées", déjà intégrées à l'organisme, le second les énergies dites "acquises", qui se transmettent du milieu extérieur à l'intérieur de l'organisme. Les sources de ces énergies sont les reins (et toute la fonction Chen) pour l'interne, et l'air (les influx célestes, terrestres, saisonniers), les aliments solides et liquides pour l'externe (fonctions Fei et Wei).
Le schéma ci-dessous représente le processus vital de l'organisme humain.


MÉTHODE DE CONVERSION DE L'ÉNERGIE.

"Le mouvement naît
du XIN,
le YI et le SHEN
dirigent le QI.
Cela engendre
le JING".

à suivre...

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