LE
SOMMEIL
Durant la journée,
l'activité peut-être à l'intérieur ou à
l'extérieur (du foyer), mais elle est toujours liée au yang.
La nuit est le temps de l'activité de type yin, le mouvement
extérieur diminue puis s'arrêtte, l'énergie est
alors occupée à l'intérieur. Dans le cas ou les
conditions environnementales sont correctes, favorables au repos, ce
qui se passe alors en l'homme est directement fonction de l'état
de son énergie essentielle, et aussi et surtout de celle du Chen,
l'énergie spirituelle individualisée dans le moule du
corps.
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Où, comment,
quand ?
Le temps du sommeil.
Le temps de sommeil, comme celui de l'action,
s'accorde au jour et à la saison tout au long de l'année.
L'accord saisonnier :
- Au printemps, l'énergie céleste augmente et les jours
allongent, l'on commence à se lever plus tôt, avant l'aube.
Mais on se couche aussi encore tôt car le yang n'est pas encore
puissant et s'épuise vite.
- En été, l'on se léve tôt, et l'on se couche
tard, car c'est la période maximale d'activité à
l'extérieur. On se lève bien avant l'aube et on se couche
tard après le crépuscule.
- En automne, le sol est encore empli de l'énergie céleste
yang accumulée alors que celle au ciel faiblit. Les jours raccourcissent
notablement et l'on se lève plus tard. L'automne est la période
de l'engrangement et des récompenses et l'on se couche aussi
encore tard.
- En hiver, le yang est faible au ciel et au sol, on attend la lumière
du jour pour sortir et l'on rentre à la nuit. On se lève
donc tard et l'on se couche tôt.
Dans tous les cas, une
personne en bonne santé devrait se lever avant l'aube en toute
saison, puis sortir ou commencer à s'activer avec le jour. Rester
trop lontemps coucher blesse le yang de l'énergie vitale. S'activer
trop longtemps épuise le yin. Si le yang est paisible, concentré
et que le yin domine, s'endormir est facile. Si le yin a remplit sa
mission et que le yang est à l'heure, on se réveille l'esprit
clair et on se lève sans trop tarder.
Est-il nécessaire
de commenter les rappports que le rythme de vie occidental moderne entretient
avec le cycle d'activité et de sommeil présenté
ci-dessus ? Nous proposons simplement au lecteur ces observations sur
les rythmes modernes :
- La durée du travail quotidien, la dépense physique,
sont égales tout au long de l'année dans presque tous
les corps de métier. A part peut-être chez les agriculteurs
et les éleveurs (ceux où les robots ne traient pas encore
les vaches), on ne s'accorde plus aux énergies externes et on
force ainsi ses propres énergies.
- Les périodes de congés les plus longues sont prises
l'été. Bien sûr, il est possible de se reposer d'un
dur labeur pendant l'été, mais cela ne peut être
comparé au rassemblement et au raffermissement interne que permet
le calme de l'hiver. Et surtout, cela empêche de s'activer au
moment où l'énergie extérieure soutient le plus
le mouvement du corps.
- La période de l'année où l'on doit fournir le
plus grand effort est l'automne, particulièrement pour les enfants
et les étudiants (les "rentrées"). A l'extérieur,
l'énergie yang commence à faiblir, et à l'intérieur elle se referme, se rassemblant au centre. Ce n'est
donc pas vraiment le moment de forcer sur l'engagement physique, de
déployer son énergie pour un nouveau défi, de nouvelles
perspectives ou de nouveaux territoires à conquérir !
- Beaucoup de gens travaillent selon des horaires tournants (trois huit,
équipe du matin ou du soir, etc.), en dehors de toute régulation
par la lumière du jour.
- De grandes fêtes religieuses et sociales (le nouvel an du calendrier
grégorien, qui ne correspond d'ailleurs à rien selon les cycles et
repères astronomiques occidentaux, le solstice d'hiver étant
le 21 décembre), en fait les
plus importantes de l'année, ont lieu en hiver. Comme c'est l'hiver
que l'énergie est au plus bas, ces fêtes provoquent souvent
beaucoup de stress pour ceux qui les préparent et beaucoup de
fatigue pour ceux qui s'y adonnent sans mesure. Excès de table
et de vie nocturne ne s'accordent pas à l'énergie en place
l'hiver dans l'organisme, et si celui-ci est blessé, il se vengera
au printemps.
Les conditions du sommmeil.
Dans une piéce recevant le
matin la lumière du levant par une fenêtre ouvrant à
l'est ou au sud, l'on dort allongé face au sud ou face à
l'est selon les possibilités. La position sur le dos est la plus
confortable pour le relachement et la respiration, mais ceux qui connaissent
la respiration accompagnant le rassemblement de l'énergie et
de la concentration dans le Dan Tian inférieur peuvent préférer
se coucher sur le coté gauche, dans la posture dite de méditation
allongée. Dans tous les cas, la respiration nocturne doit se
faire par le nez, l'impossibilité de respirer par le nez en position
couchée étant un très mauvais signe de l'état
de l'énergie des poumons. Bien sûr, la chambre doit être
plutôt fraîche que surchauffée, la fraîcheur
convenant au repos alors que la chaleur réveille en augmentant
le yang.
La nuit, l'énergie retourne au centre et dans le bas du corps,
la tête et les mains se refroidissent alors que les pieds se réchauffent.
Si l'énergie reste forte en haut du corps, dans le coeur (émotions,
frustrations) ou la tête (contrariétés, soucis,
cogitations), le sommeil est habité par des rèves et la
respiration oppressée. Si le repas du soir est pris trop tard
et si le volume de nourriture absorbée est trop important, le
dégagement d'énergie nécessaire à la digestion
dérange aussi le sommeil et provoque des rêves.
Enfin, il est très malsain de se coucher très fatigué,
surtout si cela est habituel. Le sommeil n'est pas fait pour récupérer
de la fatigue physique, il sert au niveau du corps à laisser
un temps à l'énergie pour s'occuper de l'intérieur
et pour se renouveler avant de relancer le mouvement. Au niveau de l'esprit,
il relie le conscient au vide caché derrière le mental,
alors qu'au niveau du corps il relie celui-ci à la vie prénatale,
à l'énergie ancestralle et aux esprits vitaux des organes.
Pendant le sommeil, seule la conscience est absente, le mental, lui,
continue le plus souvent à construire des représentations,
d'où les rêves. Ceux qui savent se concentrer pendant la
nuit ne rêvent pas (et parfois ne dorment pas !), leur conscience reste éveillée et
concentrée alors que leur mental est vide.
S'ils sont privés de sommeil trop longtemps, ceux qui ne connaissent
que l'activité du mental sombrent dans la folie, avant même
d'être vraiment atteints physiquement. Cela montre bien l'importance de ménager
une période de vacuité dans les perceptions à la
conscience. La conscience peut ainsi se déconnecter temporairement
et en quelque sorte, se recentrer elle-aussi, grâce à un
"vide" dans ses perceptions. Les scientifiques modernes ne
trouvent pas vraiment d'explication à l'impérieuse obligation
d'un sommeil avec arrêt de la perception de soi et de l'activité
mentale consciente, relevant simplement les processus neurologiques, physiologiques
et chimiques singuliers ou modifiés ayant cours pendant la période.
Celui qui sait se régénérer sans dormir n'y voit
simplement qu'une expression de la trame invisible du Ciel Postérieur,
lequel s'impose ainsi à la conscience discursive afin de préserver
l'esprit individuel des seules représentations et constructions du corps, du mental, de l'égo. Une
sorte de régulation par le vide. A part dans le cas de figure
des animaux hibernant, l'homme semble bien être le seul être
vivant à tomber dans un sommeil aussi profond, avec une quasi
cessation de toutes les perceptions sensorielles et de la conscience
de soi. Pourtant, dans l'état de veille, sa conscience peut être
la plus éveillée parmi toutes les créatures.
Avant et après le sommmeil.
- La première et la dernière "attention". Ceci est particulièrement important
pour les personnes débutantes ou plus ou moins avançées dans la pratique de la première forme
de méditation : le Soi doit être la première et la dernière chose de la journée
sur laquelle ils placent leur attention. A peine éveillé et avant même d'ouvrir les yeux,
reprendre conscience du soi et du Dan tien inférieur, puis se lever en essayant de conserver une part de
son attention sur ces deux éléments. De même, avant de s'endormir, se coucher sur le coté
gauche et ramener toute son attention sur le Soi et le Dan tien inférieur.
- De la même manière qu'il ne convient pas à l'énergie de trop manger le soir
(même si ce repas doit être complet), de se nourrir trop tardivement, ou juste avant de se coucher,
les bains et douches du soir sont à prendre de préférence avant de se nourrir et non après.
Le soir, les bains chauds relâchent les chairs et les tendons, ouvrent les pores de la peau et cela aide à
se relaxer et à dissiper la fatigue de la journée. Les bains de vapeur ou, encore mieux, les sudations
en air sec conviennent très bien le soir, pas le matin. Le mouvement yin de l'énergie transmet la chaleur
du bain à l'intérieur du corps. L'on se couvre bien après et l'on se tient à
l'intérieur, au chaud et au sec.
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Au matin, l'énergie va de l'intérieur à l'extérieur,
du bas vers le haut du corps. Prendre un long bain chaud au réveil casse l'élan du yang,
une douche pas trop longue est plus indiquée. Mais contrairement au soir, il est vivement conseillé
de terminer en restant un court instant sous de l'eau fraîche, et même aussi froide que l'on peut le supporter,
juste une minute ou deux. Ainsi, les pores de la peau se resserrent, enfermant la chaleur qui a
pénétrée et n'exposant pas l'énergie interne aux influences d'un milieu ou
d'un climat extérieurs pouvant eux, selon le terrain ou la saison, être pathogènes.
Bien sûr, pendant la saison chaude, le risque d'une infiltration perverse est en général moindre,
non pas tant à cause du climat alors plus favorable, mais plus simplement parce que le yang du corps étant
fort en cette période, le Wei Qi (Qi défensif) est fort lui aussi et protège plus efficacement des atteintes externes.
Cependant il convient quand même de le soutenir plutôt que de le solliciter.
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